Semaine internationale des chiens d’assistance: recherche génétique permet de répondre au besoin
L'ADN permet de déterminer l'aptitude des chiens à devenir chiens d'assistance
Un chien d'assistance est d'une valeur inestimable pour les personnes handicapées, mais elles doivent souvent attendre plus d’un an avant d’en avoir un du fait que trop peu de chiens sont disponibles. À ce jour, quelque 400 personnes handicapées attendent un chien d’assistance. Avec son ASBL Purpose Dogs, le professeur en génétique animale de l'UGent, Bart Broeckx, entend y remédier par le biais de la recherche génétique : « La génétique des parents et l'arbre généalogique génétique nous en apprennent souvent beaucoup sur les chances qu'a un chiot de devenir un bon chien d'assistance. Grâce à une meilleure sélection et à des combinaisons intelligentes, nous pouvons augmenter la probabilité d'obtenir des chiots qui satisfont aux conditions strictes. Nous aspirons ainsi à former 150 chiens d'assistance par an en Belgique, c'est-à-dire suffisamment pour répondre à la demande. »
Un chien d'assistance représente une immense différence dans la vie des personnes souffrant d'un handicap. Grâce à leur animal, elles peuvent profiter d'une plus grande autonomie, sortir plus souvent, à nouveau rechercher des contacts sociaux... Par ailleurs, le lien spécial et l'amitié qu'elles nouent avec leur chien est d'une valeur inestimable.
Malheureusement, un chien ne devient pas un chien d'assistance du jour au lendemain, car la formation dure deux ans et la sélection est – à juste titre – très stricte. Un chien d'assistance doit passer de nombreux tests comportementaux, par exemple en matière de sons et de capacité à rapporter des objets, et doit bien entendu être en excellente santé. Les centres de formation de notre pays sont très stricts à cet égard. Bart Broeckx : « Le pourcentage de réussite des chiots qui entament la formation est relativement bas. Pour l'instant, seuls 4 chiens sur 10 ayant été sélectionnés pour la formation deviennent réellement des chiens d'assistance. Il n'est dès lors pas possible de répondre à la demande. »
Correspondance génétique
La recherche génétique et la sélection de l'ADN peuvent faire une immense différence. L'ASBL Purpose Dogs, dont le professeur Broeckx est président, a dès lors élaboré un programme unique en collaboration avec l'UGent : une première en Belgique qui permet d'augmenter les chances d'obtenir les caractéristiques requises pour un bon chien d'assistance par le biais de la sélection génétique. « Pour y parvenir, nous nous consacrons depuis dix ans déjà à des recherches sur les composantes génétiques des pathologies », explique Bart Broeckx. « D'une part, nous prenons l'ADN de parents qui ont obtenu de bons résultats aux tests de sélection des chiens d'assistance et qui présentent donc clairement les antécédents médicaux et les caractéristiques comportementales adéquats (calme, non effrayé, curieux...). Il y a en effet de fortes chances qu'ils puissent transmettre les bons gènes à une nouvelle génération de chiens d'assistance. À cette fin, nous nous appuyons également sur des collaborations avec des organisations du monde entier et sur de grandes bases de données internationales afin de rendre le pool génétique suffisamment grand et de trouver la bonne correspondance ADN. En combinant correctement la mère et le père sur le plan génétique, nous pouvons en effet nous assurer que certains troubles dont ils sont porteurs ne se manifesteront pas chez leurs chiots. Nous en apprenons beaucoup de nos confrères français, britanniques et américains qui s'y consacrent depuis des années et qui ont ainsi considérablement augmenté la probabilité d'avoir un chien d'assistance adapté. »
« Nous nous penchons en outre sur l'arbre généalogique des chiens, car cela nous permet également de découvrir les anomalies génétiques qui ne sont pas immédiatement visibles chez l'un des parents. On peut faire une comparaison avec le cancer du sein : une femme peut être en parfaite santé et ne pas développer de cancer, mais s'il y a des antécédents de cancer du sein dans la famille, il y a plus de chances que ses enfants en aient un. Nous en tenons donc également compte dans la sélection des chiens pour notre programme de chiens d'assistance. »
Objectif : 100 % de réussite
Bart Broeckx est convaincu que cette approche permettra d'augmenter le nombre de chiens d'assistance de Purpose Dogs en Belgique à 150 par an : « Grâce à la sélection génétique et aux combinaisons adaptées, nous pourrions en quelques années sérieusement augmenter le pourcentage de réussite de la formation des chiens d'assistance. Les premiers screenings révèlent que nous obtenons un pourcentage de réussite supérieur de 25 %, une grande différence donc avec les chiens non sélectionnés génétiquement. Actuellement, 38 % de ces derniers réussissent les tests, contre 63 % pour les chiens sélectionnés génétiquement de Purpose Dogs. Nous visons un résultat encore plus élevé à long terme. Aux États-Unis, la sélection génétique a par exemple permis en 20 ans d'éliminer totalement la dysplasie de la hanche, une maladie articulaire très fréquente chez les chiens. Après à peine trois ans et 80 chiots, notre programme donne également déjà des résultats prometteurs. Ces dernières années, nous avons par exemple constaté 20 % de pathologies articulaires en moins au niveau des coudes et des hanches chez nos chiots par rapport à d'autres. »
La sélection génétique aiderait également les centres de formation de chiens d'assistance à économiser pas mal d'argent. « Un chien qui ne réussit pas les tests stricts pendant sa formation et ne devient pas au final un chien d'assistance coûte en moyenne plus de 10 000 euros », explique Bart Broeckx. « Pouvoir éviter ces frais inutiles grâce à une bonne sélection avant que les chiens n'entament la formation constituerait donc un énorme atout, car notre screening ne coûte pas autant, en particulier parce que nous bénéficions du soutien financier de nos membres et d'entreprises telles que le fabricant d'aliments pour animaux Royal Canin, qui croit fermement aux avantages de notre projet, tant pour les chiens que pour les gens. »
Le professeur Broeckx espère dès lors que Purpose Dogs pourra de cette manière rapidement développer le programme et appliquer la sélection génétique à tous les chiens débutant une formation.
Karen Sleurs
À propos de l'ASBL Purpose Dogs
Fondée en février 2018, Purpose Dogs est une ASBL ayant pour objectif d'optimiser les caractéristiques physiques et comportementales des chiens d'assistance en devenir de matière scientifiquement étayée et dans le respect du bien-être animal. Elle se consacre à la sélection et à l'élevage de chiens. Les chiots de ses chiens seront formés par des associations de chiens d'assistance afin d'aider au quotidien les personnes souffrant d'un handicap. La sélection des animaux reproducteurs se base sur l'étude du comportement, des paramètres médicaux et des valeurs de reproduction. L'objectif consiste à réduire le pourcentage d'échec des prochaines générations de chiens d'assistance.